Instructeur pilote professionnel avion puis photographe il
était dans la nature des choses pour un alsacien de s’impliquer dans la vie
sociale, de s'intéresser à l'histoire d'une citée ou j'avais un moment trouvé
mon contant…
Le quartier Saint
Sauveur est rasé. Ce qui restait du vieux Lille devait faire l’objet d’une
rénovation à la Ceausescu avec en prime une rue à quatre voies coupant le quartier en deux, des actions
souvent énergiques menées à l’époque au sein du Lille Ancien avaient permis
d'éviter le pire*, mais seul les faits sont de l'histoire, cela faisait
quelques temps que l'on se chamaillait pour une question de ' trou noir ' entre
la rue des Chats-Bossus et la rue de la Monnaie, j'avais réalisé des prises de vue pour
matérialiser le manque d'éclairage etc.,
Un soir on téléphone, les gens de la mairie et de la CUDL sont devant la maison Gilles de la Boë pour cette question d'éclairage et là on apprend qu'une route à quatre voies devait relier la rue Thiers au Bd Carnot en passant par la ' dent creuse ' où se trouve l'actuel l'Hôtel de la Treille, coupant le Vieux Llile en deux ce qui impliquait de raser une partie conséquante du patrimoine ancien dont un côté de la rue de Gand...!
Autant dire que cela ne se passait pas très bien, on promit de mette le feu au premier engin qui se pointerait place Louise de Bettignie, ce qui n'allait pas de soi à l'époque, puis de discutions en
tergiversations, la loi Malraux finit
par s'imposer mettant fin à des projets aussi imbéciles que ruineux.
En 1995 j’avais présenté divers documents que peu de lillois
devaient avoir eu la chance de compulser dont un carnet de croquis de Baudouin
Maître verrier à Lille du tout début du 17ème siècle, le récit du siège de la
ville de 1708 et 1709 édité à Utrecht
par Nicolas Chevalier avec la description des médailles frappées à cette
occasion… Cette exposition au Lille Ancien n’a suscité que peu d’intérêts si ce
n'est quelques demandes un rien condescendantes de la part de spécialistes
locaux qui savent, ou qui pensent savoir en se réfugiant derrière un tas de
diplômes ou de références qui rempliraient des pages…, ceci n’a rien
d'une spécificité locale ; lors du dernier Dico-d’Or, Bernard Pivot avait
demandé à un invité s’il avait eu un jour à manipuler un outil de couvreur dont
il était question dans la dictée, … 'je n’ai pas eu ce malheur'..., cette réponse
résume à elle seule le mépris de nos sommités pour le faire, le menu.
....alors que près d'un enfant sur dix sort de l’école sans savoir
déchiffrer correctement une annonce, encore moins rédiger un CV…, à ce propos
il faut rappeler que sur le million de fonctionnaires du Ministère de
l’Education Nationale près de deux tiers ont une formation de prof ... !, à moins que
tout cela ne fasse partie du fond de commerce de toute une élitocratie voguant de
juteuses commissions en bonnes bouffes.
...et, personne ne
me dira qu'un enfant à qui on aura donné les moyens de se défendre dans la vie,
quelque fut son passé proche ou ancien ne finira pas de se forger un avenir !
Considérée par les
Lloyds comme la ville la plus plus riche d’Europe au début du 19ème siècle on
rencontre toujours à Lille et l’opulence et la plus extrême misère. A la salle
d’arme je croisais un moment le fer avec un ami qui habitait une courée avec un
chiotte pour une dizaine de familles, du subliminal pour ce prof de philo !
La photo du haut
donne une idée de l’état de décrépitude de quartiers préemptés par la mairie et
destninés à disparaître, ici la place dite aux oignons*, la deuxième est à
l’hommage d’une sainte honorée depuis Carthage dont la mise en place sur une
façade lilloise mériterait un jour d’être contée. De cette époque je peux me
targuer d’avoir su intéresser bien des habitants à leur patrimoine, tenté de
modifier l’image un peu trop traditionnelle à mon goût de la carte postale,
pris des milliers de clichés du chantier d’Euralille qui ont depuis rejoint un
classement définitif, les couleurs de Lille étant passée par là*, donc plus
question d’expo, mais qui sait, d’autres auront fait mieux !
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